COMMUNIQUE

POURQUOI NOUS VOTONS – NON – AU PROJET DE LOI DE FINANCES COMPLEMENTAIRE

 

D’une étude approfondie du projet de loi de finances complémentaire, du débat et des réponses du Ministre des finances, se dégagent 3 observations :

  1. La discontinuité dans la gestion des affaires de l’Etat

Le Ministre des finances, en avouant l’inexactitude des chiffres qui nous ont été communiqués par son prédécesseur a :

  1. Prérogatives parlementaires

Hormis le doute que l’on peut légitimement porter sur les chiffres figurant dans ce projet, une loi de finances est censée rééquilibrer les finances publiques en fonction des évolutions des ressources et des besoins.

Compte tenu du fait que le programme su gouvernement ne comportait aucun projet budgétisé, compte tenu du fait que le député est dépouillé de ses prérogatives de contrôle, les élus du peuple n’ont aujourd’hui aucun moyen objectif d’assurer le suivi et le contrôle des réalisations afin de pouvoir porter un jugement crédible et efficace sur les répartitions budgétaires de cette loi de finances complémentaires.

3 – Politique économique et finalité

Ce projet de loi de finances complémentaire nous offre l’occasion de poser la problématique de la  politique économique de notre pays et de sa finalité.

La finalité de toute politique est d ‘améliorer les conditions de vie des citoyens, au niveau social, culturel, éducatif,….. Force est de constater que malgré les évolutions positives des indicateurs financiers , la situation de nos concitoyens ne finit pas de se dégrader pour atteindre, très souvent , des dimensions dramatiques.

- L’écart entre le riche et le pauvre a atteint un rapport de 1 pour 40 alors que ce rapport est de 1 pour 28 dans les pays les plus pauvres d’Amérique du sud .

Les gouvernements successifs justifient leur politique d’austérité par l’étranglement financier de l’Algérie ( poids de la dette). L’argument est pour le moins insuffisant. Les problèmes financiers de notre pays ne constituent plus une crise de solvabilité de notre économie.

En 1999 par exemple, la dette extérieure a diminué de plus de 2.1 milliards de dollars par rapport à 1998, le ration dette/PIB s’est nettement amélioré ( 65%) alors qu’il était de 105% en 1995. Dans les pays voisins, ce ration est plus important.

La panne qui caractérise notre économie relève plutôt de l’absence d’une véritable politique et d’une stratégie économique digne de ce nom. La stratégie mise en œuvre depuis toujours reposait exclusivement sur la seule ressource des hydrocarbures, ressource limitée dans le temps et dont on ne maîtrise pas les fluctuations. Il n’y a jamais eu de politique audacieuse dont l’objectif serait la véritable relance économique et la lutte contre le chômage.

Aujourd’hui encore, la politique mise en œuvre , basée sur la privatisation tout azimut ne peut aboutir , sachant que les processus de privatisation sont longs , compte tenu de l’état critique de nos entreprises ( sauf à les brader), sans oublier les conséquences sociales dramatiques qui en découlent.

Le défi aujourd’hui consiste à opérer cette mutation d’un modèle économique basé sur la rente pétrolière à celui qui assure la véritable relance économique, qui crée des richesses et des emplois. Toutefois, ce modèle exige efficacité et performance ainsi que des mécanismes incitatifs de l’investissement.

Ce type de modèle nécessité des réformes profondes et courageuses du système bancaire, de l’administration, du système éducatif, de l’université et de la recherche.

En somme, il s’agit d’intégrer une politique économique dans un projet global de développement du pays et de la société.

Mais, quelle dynamique durable peut-on raisonnablement espérer sous la conduite d’un gouvernement où se côtoient des sensibilités politiques antagoniques ? La persistance dans la confusion politique ne travaille assurément pas à la résolution de la dramatique équation que constitue la crise qui secoue le pays.

 

 

Signataires :

Haider BENDRIHEM – Dépûté de Batna

Mohand Arezki BOUBENDIL - Député de Tizi Ouzou

Kaci REDJDAL , Député de la communauté algérienne du sud de la France

Mohamed SETTOUCHE, Député de la communauté algérienne au Canada et Amériques